Le cancer est un dommage collatéral inévitable inhérent à l’évolution des organismes multicellulaires, apparus à la fin du Précambrien. L’exploration de la manière dont les animaux, en particulier ceux de grande taille et de longue durée de vie, font face au cancer, comporte des enjeux à la fois fondamentaux et appliqués. Dans cet article, nous commençons par présenter le cadre conceptuel nécessaire pour comprendre les théories qui traitent de l’évolution des défenses anti-cancéreuses. Nous présentons ensuite un certain nombre d’exemples, notamment les rats-taupes nus, les éléphants, les baleines, les xénarthres (paresseux, tatous et fourmiliers), les chauves-souris et les placozoaires1. Les contributions de la génomique comparative à la compréhension des convergences évolutives sont également abordées. Enfin, nous indiquons que la sélection naturelle a également favorisé des adaptations visant à éviter les zones mutagènes, par exemple, ou à maximiser l’effort de reproduction immédiat en cas de cancer. L’exploration de ces solutions, intéressante conceptuellement, pourrait aussi permettre d’envisager de nouvelles approches thérapeutiques pour la santé humaine.